Perché sur la rue St-Denis à deux pas de l’UQAM, le Manga Thé est un des lieux de la culture Geek de Montréal. Curieuse, la rédaction de Geekorner a poussé la porte de cette librairie spécialisée dans le Manga.
Dans une ambiance colorée aux lumières feutrées règnent un léger parfum de thé et une mélodie de pop japonaise. Nous y avons fait la rencontre de Robert-Louis Milin, 28 ans, créateur et propriétaire du Manga Thé.
À travers cette entrevue, Geekorner vous propose de plonger dans le vaste univers des mangas et de la culture japonaise en dépassant les préjugés souvent associés à ce genre encore mal connu au Québec.
Entrevue au Manga Thé
Geekorner (GK) : Racontez-nous comment vous avez ouvert Manga Thé ?
Robert-Louis Milin (RLM) : Manga Thé a ouvert il y a deux ans. Originaire de Paris, je suis venu à Montréal il y a huit ans pour poursuivre mes études. Geek et amoureux du Japon, je souhaitais me lancer dans l’édition et l’importation de manga. Toutefois, l’idée d’ouvrir une librairie originale autour de l’univers Manga a rapidement pris le dessus.
Au cours de mon cursus à HEC, j’ai construit l’ensemble du projet. Je suis allé voir ce qu’il se fait au Japon et en Europe pour m’inspirer, mais aussi éviter certaines erreurs. Je ne souhaitais pas une librairie sur le modèle du cyber café – fast food où les gens restent isolés dans une atmosphère lugubre et se font servir des boissons cheaps.
Je voulais créer un espace de découverte ouvert à tous dans une atmosphère accueillante et cosy. En plus des mangas, je souhaitais faire découvrir la culture japonaise. C’est pourquoi nous proposons des thés et des pâtisseries japonaises.
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GK : Quels sont les services et activités proposés à la librairie ?
RLM : Chez Manga Thé, on fait découvrir le thé aux amateurs de Manga et le Manga aux amateurs de thé.
On fait thé – lecture et lecture – thé. Si vous voulez prendre un thé, on vous proposera de lire gratuitement des mangas. Si vous venez lire des mangas, on vous offrira un thé.
En parallèle, on organise des soirées jeux de société. Chaque samedi soir, on fait des parties de Cyclades ou de Dixit de 18 h à minuit. Quelques évènements dédicaces, cosplay et tournois sont aussi au menu.
Les bentō bako, petites boites à lunch japonaises, les gadgets et les CD de musique J-Pop et J-rock font aussi partie des incontournables pour gouter la culture geeko-japonaise.
Toutefois, le conseil est le service le plus important de Manga Thé. On guide les amateurs et novices dans les arcanes du manga souvent jonchés de préjugés. Notre objectif, c’est de trouver le titre, la série, l’histoire qui conviendra le mieux à nos lecteurs.
GK : Pourquoi Manga Thé reste ouvert si tard le soir ?
RLM : Je n’ai pas envie que nos clients soient pressés par le temps en sortant de l’école ou du travail.
Moi, j’étais toujours frustré quand j’allais dans les boutiques. Avant l’école, c’était fermé. Après l’école, fermé. Je me suis dit que je ne suis sûrement pas le seul à avoir ressenti cette frustration. C’est pourquoi le lundi, mardi et mercredi, on ouvre jusqu’à 22 h et le jeudi, vendredi et samedi, on ne ferme qu’à minuit.
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GK : Finalement, vous rencontrez plus de passionnés ou de novices ?
RLM : Les deux. C’est 50-50. Il y a bien sûr des passionnés. Ils viennent chaque semaine découvrir les nouveautés.
Mais comme on est sur St-Denis, beaucoup de passants intrigués poussent aussi la porte de Manga Thé. Souvent, ils apprécient la découverte. Au pire, ils prennent une bonne boisson en bonne compagnie.
La moyenne est autour de 20 ans. Beaucoup d’adolescents viennent en famille. Les parents prennent souvent un thé et malgré certains préjugés finissent par s’intéresser au manga.
GK : Quels types de mangas plaisent aux adultes ?
RLM : Le manga parle finalement beaucoup aux adultes. Ce public apprécie les mangas réalistes comme un drôle de père de l’auteure Yumi Unita. Ça raconte l’histoire d’un jeune trentenaire carriériste qui adopte la fille cachée de son grand-père, âgée de seulement 6 ans. Loin d’être prêt au rôle de père, il fait face aux difficultés de tous les parents, comme aménager ses horaires ou trouver une garderie. Les adultes se retrouvent dans ce personnage. Ils s’amusent des situations. C’est simple et efficace.
Il y a aussi les intrigues policières et psychologiques comme Monster. En Allemagne, un chirurgien se fait accuser à tort d’un meurtre et devient fugitif. Il tente de retrouver le véritable coupable qu’il a sauvé quelque temps auparavant sans le savoir. Pour le remercier, le meurtrier a tué plusieurs personnes pour faire avancer la carrière du chirurgien. Le tout se passe sur fond de conflits entre les deux Allemagnes.
GK : Quels sont les préjugés sur le Manga ?
RLM : Il y en a beaucoup. Les jeunes pensent souvent que les mangas n’existent qu’en anglais. Alors que c’est plutôt le contraire. Généralement, ils sont d’abord traduits en français, car la France est le premier pays consommateur de manga après le Japon.
Les adultes pensent que le manga est réservé aux enfants. Ils croient aussi que ce n’est qu’un style. Souvent, ils en lisent sans le savoir, en pensant lire des romans graphiques.
L’exemple le plus flagrant c’est Quartier Lointain de Taniguchi. Récemment adapté au cinéma, cela raconte l’histoire d’un père japonais qui est amené à revivre son adolescence alors qu’il rentrait retrouver son cocon familial pour la fin de semaine.
GK : Qu’en est-il du public féminin pour le manga ?
RLM : Il y a un gros public féminin. De plus, il y a même beaucoup d’auteures contrairement aux autres genres de la BD. Il y a au moins 40 pour cent de femmes qui réalisent des Manga.
Énormément de Manga sont écrits par des femmes pour des femmes. Toutefois, plusieurs séries d’actions écrites par des femmes sont lues par des jeunes hommes. Par exemple, Fullmetal Alchemist de Hiromu Arakawa.
Le public féminin du manga n’est pas toujours où on l’attend le plus. Elles apprécient autant les aventures fantastiques comme Black Butler que les séries plus sulfureuses comme les Yaoi, dont l’intrigue tourne autour de relations entre hommes.
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GK : Comment est née ta passion pour les mangas et le Japon ?
RLM : J’ai découvert les mangas avec les dessins animés japonais. Je suis né en 1984, au même moment où les mangas sont arrivés en France avec Candie et Goldorak. Du coup, mon enfance a été bercée par les dessins animés japonais et collaborations franco-japonaises comme les Mystérieuses Cités d’Or et Ulysse 31. Toutes les fins de semaine, ça passait en continu sur toutes les chaines de télé.
Rapidement, je suis passé aux mangas sur papier avec Fly, City Hunter alias Nicky Larson sans oublier la série Dragon Ball par Akira Toriyama. Comme beaucoup, j’avais acheté le tome 42 en japonais dès sa sortie, alors que je n’y comprenais rien.
Ensuite, vers 12 ans, je me suis demandé d’où venaient ces histoires. C’est comme ça que je me suis intéressé à la culture japonaise, des films aux jeux vidéo. Comme tout le monde, j’ai essayé d’apprendre la langue, sans succès. Aujourd’hui, je lis entre cinq et 10 mangas par jour.
Conseils de lectures Manga
GK : Qu’est ce que vous conseillez aux adultes de 35 ans et plus ?
RLM : Je conseillerai Un drôle de père de Yumi Unita ainsi que l’oeuvre de Jirô Taniguchi avec par exemple Terre de Rêves.
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GK : Et pour les enfants de 4 à 10 ans ?
RLM : Il y a de nombreux mangas destinés aux plus jeunes. Les parents peuvent commencer à les lire à leurs enfants dès quatre ans.
Tout d’abord, dans le genre plus mignon que mignon, il y a Chi, une vie de chat de l’auteure Konami Kanata. Ça raconte l’histoire d’un chaton égaré qui rencontre un petit enfant dans un parc tout aussi maladroit que lui. Rapidement adopté par la famille, on découvre toutes les niaiseries comiques qu’un petit chat peut faire dans un appartement.
Toujours dans le comique, il y a Yotsuba&! de Kiyohiko Azuma. C’est l’histoire d’une petite fille adoptée. Pleine d’énergie et très curieuse, elle vit de petites aventures tournées sous forme comique. Au-delà du gag, une autre histoire se déroule en trame de fond.
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GK : Pour les adolescentes ?
RLM : Fruit Basket est l’une des valeurs sûres. Cette série de Natsuki Takaya a fait entrer dans le manga une génération entière de jeunes filles. Dans les parutions plus récentes, je conseillerai Crimson Prince de Souta Kuwahara.
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GK : Et pour les adolescents ?
RLM : Dans les classiques, Fullmetal Alchemist. C’est l’histoire de deux frères orphelins qui partent à la recherche de la pierre philosophale pour retrouver leurs parents. Dans les plus récents, je conseillerai la série Ratman de Seikihiko Inui.
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GK : Pour les jeunes hommes entre 20 et 29 ans ?
RLM : Je conseillerai Rainbow de George Abe et Masasumi Kakizaki. Ça raconte l’histoire réaliste de sept adolescents en maison de correction tentant de déjouer les plans maléfiques de leurs geôliers.
Dans le genre science-fiction, il y a Front Mission Dog Life and Dog Style de Yasuo Otagaki et C.H. Line. C’est du journalisme de guerre. On suit un journaliste en reportage sur une ile contrôlée par deux pays en guerre froide. Peu après son arrivée, la guerre éclate. Il se retrouve alors piégé entre deux feux.
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GK : Et pour les jeunes femmes entre 20 et 29 ans ?
RLM : Je conseillerai une comédie romantique, Private Prince de Maki Enjôji. C’est l’histoire d’un prince étudiant en échange international. Alors que toutes les étudiantes sont intéressées par sa beauté, une seule cherche à percer le côté obscur de la famille royale.
Ensuite, le Pacte des Yôkai de l’auteure Yuki Midorikawa. C’est l’histoire d’un adolescent orphelin pris entre sa difficulté à trouver une famille d’accueil et un don fantastique qui lui permet de percevoir des Yôkai, créatures fantastiques de la mythologie japonaise.
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Adresses de Manga Thé
Pour suivre la suite des aventures de Manga Thé, rendez-vous sur :
Je tiens a vous remercier un entrevue fantastique. J’e suis un visiteur asidut depuis presque un ans de la boutique. Robert-Louis et son personnel sont fantastique. Dites leurs ce que vous aimez et il trouve quelque chose de bon 9/10. Mon probleme j’ai trop de chose que j’aime, et RL n’arretes pas de faire l’expansion de mon esprit et de presenter des chose fantastique. Cependant des fois, je me demande si il n’est pas un encyclopedie ambulante.